Je suis Ali, j’ai 29 ans, je viens d’Irak et j’habite en Belgique depuis 2015.
Globe Aroma est une Maison d’Arts Ouverte. Comment votre intérêt ou votre passion pour l’Art ont-ils commencé?
En général, j’aime le théâtre, parce que je l’ai étudié à l’Ecole des Arts pendant un an en 2013. En 2014, j’ai arrêté mes études pour aider mon frère qui est pharmacien. La vie était difficile en ce moment. Et pourtant, j’ai toujours voulu aider d’autres gens, mes parents et ma famille en particulier.
Que signifie Globe Aroma pour vous ?
J’ai fait la connaissance de Globe Aroma il y a deux ans. On y jouait une pièce de théâtre ‘A Vos Scalpes’, que je suis allé regarder parce que je me demandais ce qu’était Globe Aroma. J’étais curieux.
Dans ma tête, je me suis mis à chercher une image qui correspondait à Globe Aroma. Cela devait être une peinture comme j’en avais vu dans les musées. Car je pouvais seulement admirer ce que j’avais vu et dire “WAUW”. Ma peinture avait toutes les couleurs, les couleurs qu’on découvre à Globe Aroma. Je rencontre tous les pays ici, je vois les couleurs de l’Afrique, de l’Iran… C’est formidable. J’ai fait la connaissance de gens venus du Brésil, de la Colombie… Voilà pourquoi Globe Aroma est important pour moi, car on m’y fait voir ces couleurs, ces cultures. Il y a tellement de gens différents, des sans-papiers, des professionnels, des gens amusants, des gens qui, eux, ont de l’argent. On trouve tout à Globe Aroma, on peut tous nous rencontrer ici. Globe Aroma occupera toujours une partie de ma vie, car ce que je rencontre ici, c’est l’égalité et la solidarité.
Quels sont les droits de l’homme que vous trouvez importants ?
Dans ma vie, c’est la solidarité. Nous vivons en communauté, nous aidons les pauvres. Cette attitude contribue à l’égalité et empêche le racisme. Tout le monde est libre. La solidarité est là pour tous, aussi pour les gens sans papiers, sans identité officielle. Tout le monde veut pouvoir vivre sa vie et pour pouvoir continuer à le faire, il nous fout la solidarité.
Ici, à Globe Aroma, il n’y pas de différences, nous sommes tous égaux. Nous mangeons ensemble, discutons de tout. Quand aujourd’hui je regarde la guerre en Syrie, en Irak… cela me frappe de stupeur. Ici, je vis en sécurité, dans la tranquillité, mais ma famille là-bas n’a aucune solidarité ni sécurité.
En 1948, après la Guerre, on a rédigé la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Elle devait installer une paix destinée à tous. Mais la paix n’a jamais été pareille dans les différents endroits du monde. Cela me rend triste quand je pense à l’Irak, à l’Afrique. La paix ne doit pas être réservée aux Etats-Unis, à l’Europe ou au Canada ou à n’importe quel pays ou individu. La paix devrait être universelle. Mais cette solidarité-là a tendance à s’estomper, n’existera peut-être plus à l’avenir, même si elle a été fixée sur papier. La faute est peut-être aux journaux télévisés, car dans ces journaux non plus il n’est jamais question de ce manque de solidarité.
Vraiment, la paix n’est pas limitée à cet endroit-ci, à ma personne, elle est universelle. Comment pouvons-nous mener une bonne vie et vivre en solidarité? Les gens disent parfois que tout est un jeu politique, mais cela ne devrait pas être vrai. On a besoin de quelqu’un qui dise “Assez ! Arrêtez la guerre en Irak et en Syrie”. A quoi sert-il de parler de solidarité si on ne peut l’appliquer dans la vie de tous? Nous devons respecter les gens, parce que nous vivons ensemble. Nous vivons pour la paix.